Frédéric Le Mouillour Mémorial national des marins morts pour la France
 
 
 
 

Le nom du marin commence par :

Maurice Fourrier André Dumas

est né le 20 juillet 1915 à Épinal (Vosges (88))

L'histoire de Maurice Dumas serait sans doute restée inconnue comme celle de beaucoup de marins de la guerre 39/45, si l'amour de sa femme Anna et l'opiniâtreté de la fille qu'elle eut d'une seconde union et qui resta marquée par la peine inconsolable de sa mère, n'avaient réussi à le sortir de l'anonymat et à lui rendre hommage.

Né le 20 juillet 1915 à Epinal, dans les Vosges, Maurice Dumas, fils d'Alexandre Dumas, mécanicien décédé en 1976 et de Maria Clerc, passe son enfance avec sa soeur Paule à Chantraine près d'Epinal au n°16 de la rue du 149e RI. Un premier malheur vient le frapper en 1924 : sa maman disparaît alors qu'il n'a que neuf ans. Le remariage de son père avec une femme qui le traite durement va assombrir sa jeunesse. Il suit sa scolarité à Epinal et pour échapper à un quotidien difficile, il peint des aquarelles  qui figurent au Service Historique de la Marine, au Château de Vincennes,  section "symbolique- peintre de la Marine ".  Il s'adonne aussi à la photographie. Il fait partie d'une troupe de théâtre amateur, la troupe de l'église Notre-Dame d'Epinal, "l'Arbre de Vie" dès 1933, autant de passe-temps qui révèlent un tempérament d'artiste. Il maîtrise l'anglais et s'initie à l'aviation à l'aérodrome de Dogneville près de sa ville natale.

Il s'engage dans la Marine le 9 juillet 1935 (matricule 1164 T 35) après avoir obtenu son brevet élémentaire le 1er juillet. Son acte d'engagement le présente comme un jeune homme de taille moyenne, 1,65 m, aux cheveux châtains et aux yeux bleus .Il embarque sur le cuirassé "Paris" comme électricien. Quartier-maître dès 1936, il obtient son certificat de sous-marinier le 2 septembre 1937, embarque à bord du sous-marin "le Requin" basé à Bizerte et obtient son brevet de sous-marinier le 2 septembre 1937. Il signe son acte de réengagement le 4 novembre 1938 et embarque sur le "Glorieux"  le 1er avril 1939. Pendant ce temps, dans des carnets qu'il tient à jour et qu'il a baptisés " My Memories"  (don au Service historique  de la Marine, château de Vincennes, coté 270 GC2) apparaît dès juillet 1938 le nom de celle qui allait devenir sa femme, Anna Bednarek-Noël, née le 15 juin 1919, avec laquelle il s'est fiancé le 12 juin 1938. Ces carnets témoignent de l'amour profond qu'il porte à cette jeune femme mais aussi de la lucidité de ce jeune homme qui pressent des événements tragiques. Le 10 septembre 1938, au moment des accords de Munich, il écrit : "Hier, j'ai eu des pressentiments ou plutôt des idées noires ...Ce soir décidera du sort de l'Europe… Tout le monde a l'air préoccupé… ".Pendant ce temps, les démarches en vue du mariage avancent.

Il se déroule le 17 février 1939 à la mairie d'Epinal et le 18 février à l'église de Moriville .Deux événements viennent assombrir le bonheur du jeune couple, l'un qui va plonger l'Europe  puis le reste du monde dans l'horreur , la déclaration de la  Deuxième Guerre mondiale  en septembre 1939, l'autre privé , la perte du bébé qu'attendait Anna.Très vite, Maurice Dumas part en mission à bord du "Glorieux". Ce type de sous-marin est actionné par deux moteurs diesel et deux moteurs électriques qui, eux, sont utilisés en immersion profonde uniquement, à l'aide de batteries au plomb d'accumulateurs. L'électrolyte utilisé est une solution d'acide sulfurique concentré. L'émission d'hydrogène et d'oxygène est très dangereuse et nécessite une surveillance constante et une maintenance rigoureuse. C'est à cette tâche délicate que Maurice Dumas participe. Un accident qui va briser sa vie et celle de sa famille se produit à bord au cours de cette mission .Le journal de bord du sous-marin n'ayant pu être retrouvé, les dates des indemnités de combat de l'équipage laissent à penser que les faits se produisent  entre le 15 et le 17 octobre 1939. Maurice Dumas rapporte que : " Lors d'une mission dans l'Atlantique sud, le "Glorieux" est pris dans les nasses d'un filet-barrage tendu par l'ennemi". Pour se dégager, le sous-marin aurait accéléré en poussant à fond les moteurs électriques. De l'hydrogène sulfureux se dégage accidentellement des batteries d'accumulateurs, Maurice Dumas et quelques- uns de ses camarades inhalent ces gaz et lui a les poumons gravement brûlés, Il est hospitalisé le 8 mars 1940 à l'hôpital militaire de Tonnay en Charente Maritime mais ses poumons ont trop souffert, il est atteint de phtisie galopante et reconnu inapte au service, il est réformé le 22 mai 1940.

Epuisé par la maladie et désespéré par l'évolution de la guerre :" Je pleure ma France" dit-il à sa femme", il regagne Toulon accompagné de son épouse Anna. Mais les autorités décident que les enfants, les vieillards et les malades doivent quitter le port. Le jeune couple ne sait où aller, il laisse au hasard le soin de guider ses pas : " Ferme les yeux et pointe ton doigt sur la carte" dit Maurice à sa femme. Le destin les conduit à Sollies-Pont, à cinq  kilomètres de Toulon. Dans les carnets qu'elle tient à jour depuis longtemps, comme habitée par le pressentiment  qu'elle allait vivre des événements tragiques, Anna dit : " Sollies, le bonheur dans le malheur d'avoir trouvé un gîte chez Pépé et Mémère Guibert". Dans la maison de la rue général Gardanne, leurs logeurs vont entourer le jeune couple de toute leur affection. L'état de santé de Maurice ne s'améliore pas. Anna parvient à convaincre son mari d'aller à Roquebrussanne où il passe deux mois et demi, elle pense que l'air pur des lieux va l'aider à se remettre, en vain. Leur souhait le plus cher est de regagner leur ville natale où, espèrent-ils, Maurice sera mieux soigné. "Ce n'est pas l'air de Roquebrussanne qui pourrait le retaper, il faut autre chose, le pays est trop isolé sans compter que le ravitaillement laisse à désirer " dit Anna. Ils entreprennent des démarches en ce sens et regagnent Sollies-Pont en attendant. Cette jeune femme de vingt ans va devoir être à la fois l'épouse aimante et l'infirmière de son mari. Seule, éloignée de ses racines, du secours des siens, dans une grande solitude morale, elle va vivre une épreuve qui la marquera à jamais. Les liens qui unissent le jeune couple se renforcent dans l'épreuve qu'il traverse  mais, malgré tout l'amour que lui témoigne Anna, l'état de santé de Maurice ne cesse de se détériorer. Il essaie de protéger la jeune femme car il voit sa douleur et sent que sa mort est proche : lorsqu'il rejette du sang, il prétend avoir renversé du vin. Mais celle-ci n'est pas dupe et décrit ainsi l'agonie de son mari dans ses carnets : " Depuis le 14 décembre, il ne dormait plus, et sa respiration était hachée. Justement, ce jour-là, j'avais fait dire une messe pour sa guérison mais Dieu n'a pas voulu m'exaucer et l'a voulu pour lui. Il a duré toute la semaine  respirant avec difficulté  jusqu'au 20 décembre. Ce jour-là, il a voulu que j'aille  chercher le docteur Bosis, de Garéault, qui est venu  une demi-heure plus tard. Il m'a dit qu'un poumon était complètement fondu et que l'autre tenait bon pour le moment, mais devant mon espoir de pouvoir encore sauver Maurice, il n'a rien ajouté et est parti ". Après cette visite, Maurice n'appelle plus "son petit chat noir" comme il nommait Anna, qu'avec son sifflet de marine car parler l'épuise. La veille de Noël, Anna veut trouver un gâteau pour celui qu'elle aime. Après avoir parcouru des kilomètres, elle découvre son précieux  cadeau mais il n'arrive plus à avaler qu'un peu de semoule  au lait. Il ne peut plus se lever. Le 27 décembre 1981, 41 ans après ce jour de désespoir, Anna note : " Le 27 décembre 1940, vers six heures du matin, Maurice sait qu'il ne passera pas la journée. Il fait ses prières face au cadre représentant sainte Thérèse et décède à 18h30."Le 29 décembre 1940, Anna, fidèle à la cruelle tradition qui voulait qu'une femme de marin reste enfermée chez elle durant huit jours  après le décès de son époux, ne suit pas le convoi. Elle écrit : " A 9 heures exactement, le triste convoi tiré par un cheval a quitté le 11 de la rue Général Gardanne ; près de Mémère, depuis la fenêtre de sa chambre, je t'ai regardé partir pour toujours, et le coin de la rue, près de la vieille mairie t'a dérobé inexorablement à ma vue. C'était fini ! Oh!  Quelle douleur à ce moment-là !". Comble de malheur, le 7 janvier, onze jours après le décès de Maurice, une petite Edwige naît et disparaît aussitôt, sa maman n'aura même pas la consolation de garder auprès d'elle le fruit de l'amour qui l'unissait à Maurice.

Anna regagne Epinal 28 janvier 1941. Elle reprend son métier de secrétaire avec au coeur une peine qui ne la quittera jamais. En 1946, Anna se remarie avec René Couval. De cette union naissent quatre filles dont Evelyne grâce à laquelle le destin tragique de ce jeune couple nous est connu. Anna n'oubliera jamais ce jeune mari, le drame qu'elle a vécu. En 1982, elle fait revenir les restes de Maurice sur sa terre natale de Chantraine et repose à ses côtés depuis 1993. Evelyne Couval, témoin de la douleur de sa mère, a voulu rendre hommage à Maurice Dumas. Elle s'est battue avec une persévérance sans faille pour que l'on reconnaisse, de manière officielle, qu'il était mort pour la France et qu'il puisse ainsi être présent sur les murs du cénotaphe .La mention "Mort pour la France "  ( n° 109- 2008) accordée le 21 octobre 2008 par le Secrétariat d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants est inscrite en marge de son acte de décès à la mairie de Sollies-Pont.

Pour que vive le souvenir de cet homme que sa mère a tant aimé, Evelyne Couval a confié au Service Historique de la Défense  - département Marine - un certain nombre de documents et d'objets ayant appartenu à Maurice Dumas (côte 270 GC2).

Il était Quartier-maître électricien.
Son unité : le Glorieux
Il est décédé le 27 décembre 1940.
Son corps repose au cimetière de Chantraine ( Vosges)
Son décès est inscrit à la commune de Sollies-Pont (Var)
Document portant la mention MPLF : Ministère de la défense 2008/109

le Glorieux

Sous-marin-Glorieux

Ce sous-marin à double coque, de la tranche « e » 1928-1929, fait partie des trente et un sous-marins type « 1500 tonnes » construits selon les plans Roquebert.

Construit par l’arsenal maritime de Cherbourg, commencé le 10 février 1930, mis à flot le 29 novembre 1931, Le Glorieux (Q – 168) a été mis en service le 1er juin 1934.

Ses principales caractéristiques étaient les suivantes :

le Glorieux
7539
Dumas
Épinal
Vosges (88)
20 juillet 1915
DD
175802,175803,175804
Il a été décoré : Aucune médaille
Livret de famille 1939/37
A 21x27
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